Poésie, traduction et musique ont été les constantes du parcours par ail- leurs erratique d’Alexis Bernaut, né à Paris d’un père américain d’origine soviétique et d’une mère originaire du pays de Retz. La poésie arrive assez subitement dans sa vie comme une révolte contre le langage ainsi qu’une nécessité, mais la possibilité qu’on puisse réellement exister comme poète (et publier) à son époque lui paraît illusoire. Il écrit néanmoins, exerce quelques boulots à peine alimentaires et finit par s’engager dans la marine nationale (où il exerce entre autres – et principalement – comme traducteur). Rendu à la vie civile fin 2009, il commence à publier en revue, travaille avec quelques éditeurs et c’est finalement la maison d’édition Rue des Promenades qui en décembre 2012 publie Au matin suspendu, recueil de trois suites poétiques en pays de fantômes et d’enfance, ayant pour cadre Paris. La première est une évocation de François Reichelt, Icare de la Tour Eiffel tombé un siècle plus tôt. Alexis Bernaut commence ensuite à publier en revue (notamment Zone Sensible) et en anthologie (notamment Génération Poésie Debout et 101 poèmes et quelques contre le racisme, au Temps des Cerises) en France et à l’étranger. Il est invité au SIWF de Séoul et à la Biennale internationale des poètes en Val-de- Marne en 2017 ; sa poésie est traduite dans plusieurs langues. Son travail se nourrit d’une multiplicité de voix poétiques de langue française mais surtout d’ailleurs. Il est notamment le traducteur du poète américain Sam Hamill dont il fut l’ami. Le présent recueil, dont certains poèmes sont antérieurs à la publication d’Au matin suspendu et d’autres très récents, témoigne des remontées en surface de celui qui travaille sou- vent la poésie dans ses strates les plus enfouies (notamment dans l’inédit Impasse) et qui, remontant à la surface pour reprendre souffle, est frappé par la lumière et les éléments. C’est ainsi qu’on trouvera ici des poèmes d’amitié (dédiés à Sam Hamill ou au poète détenu Khaled Miloudi ren- contré lors du prix Blaise-Cendrars dont ils furent tous deux lauréats), parfois de colère – inspirés ou non par l’actualité – et d’autres, portant encore la trace de plongées en eaux plus profondes.