La lanterne de l’aubépine
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Traduit de l’anglais par Gérard Cartier. Seamus Heaney est le poète de l’Ulster. Il a su, dans une œuvre à la fois savante et accessible, faire de son univers personnel un élément de la mythologie des Irlandais. Il a reçu le Prix Nobel en 1995.
« Ce recueil de Seamus Heaney marque une avancée vers de nouvelles exigences. La langue y est toujours aussi « personnelle », dévoilant une attention toute particulière à la Nature, vue comme un médium, une initiation aux méandres du Réel et de l’Imaginaire. Le thème maternel devient central: une suite de sonnets est écrite à la mémoire de la mère du poète, symbole du lien à la nature, dont les images peuplent ce poème du souvenir. Vie quotidienne, vie religieuse, affection exclusive et secrète, éducation, silence: la mort ne laisse pas de traces, rien qu’un espace vide et silencieux où l’âme, peu à peu, se construit. Heaney cite David: « Jour et nuit, les larmes ont été mon pain », référence à l’univers mental de sa mère, mais surtout rappel que nous devons chaque jour affronter la réalité cachée au fond du discours biblique, chaque jour accepter le pacte de la vie, parfois au fond du désespoir et de l’absence.
Le poème qui donne son titre au recueil (La lanterne de l’aubépine: la cenelle) est très représentatif du travail de Seamus Heaney sur la parole poétique. Ici, une image de la nature cristallise des significations venues de différents niveaux de sens: la cenelle de l’aubépine, trempée dans le filtre magique de l’imagination devient Sagesse, refus des illuminations insuffisantes du Savoir; elle enseigne ou rappelle le « respect-de-soi », valeur des petites gens; elle est allusion philosophique (la lanterne de Diogène) ou médicale; elle est rappel de l’humain, « à hauteur de regard ». Un autre poème mérite aussi une attention particulière: The disappearing island. Les constructions humaines sont fondées sur des visions autant que sur une terre « qui n’apparaît ferme » qu’après un long voyage incertain et archaïque, symbolique de l’ambiguïté humaine partagée entre progrès et régression. L’île « disparaissante » apparaît « comme une vague », reconnue in extremis comme lieu où bâtir la vie, mais qui n’est peut-être que « vision ».
L’Irlande, l’Histoire, l’époque restent parmi les préoccupations principales du poète, mais dans ce recueil, sous des formes plus allusives. Du Pays du non-dit évoque « un peuple dispersé dont l’histoire / est une sensation d’opaque fidélité », pétri par la force du non-dit autant que par celle du langage. Le volume commence par Alphabets, hommage au passé, à l’enfance, et vision du père – présent dès le premier livre – alpha et oméga d’une culture de la Lettre, dont les archétypes sont fugitivement évoqués: le Christ, Shakespeare… Il se termine sur l’image d’un homme portant de l’eau dans un crible (le livre lui-même ?), comme pour dire toute l’insuffisance et la terrible et aliénante nécessité du langage. Poète de l’Irlande, « île-parabole », Heaney est à l’écoute des changements intérieurs de notre temps, des mystères et des évidences de la nature et du symbolique, dont les sens et les réseaux se croisent en nous sans se comprendre. »
Alain Suied (La République des Lettres)
À PROPOS DE L'AUTEUR :
CARACTÉRISTIQUES :
Pages : 94
Langue : Français
Date de sortie : 1996
Dimensions : 120x170
ISBN : 2-84109-055-8