La France aux quatre vents
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Faire table rase du passé ne prépare en rien les lendemains qui chantent, Francis Combes est un homme de son temps, préoccupé de l’avenir ; on le sait, le repli sur le passé est mortifère. Or, Francis Combes, poète, travaille sa langue. Ce que tout poète fait ou devrait faire. Il se trouve que cette langue est la française, avec une longue histoire de métissage dont il nous donne à voir les images. L’histoire d’un pays ne fait qu’un avec celle de sa langue. Nous voilà donc au coeur de l’entreprise de Francis Combes : la France. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne manque pas d’audace, dans un temps où il semble que les poètes ont d’autres préoccupations. Déjà Aragon n’en faisait-il pas le constat, non sans ironie : « Nous avons aujourd’hui le goût d’une autre poésie » ?Mais de quelle France parlons-nous ? « J’entreprends de chanter la France au moment qu’elle se désagrège / quand elle doute d’elle-même / et s’efface comme un dessin à la craie / sur le tableau de l’écolier ». Francis Combes chante la France dans une période obscure de l’Histoire, entre deux mondes, l’ancien, sans doute à jamais révolu, et le nouveau dont nul ne connaît encore la figure : une période intervallaire dirait Alain Badiou.
Extrait de la préface de Jean Ristat
Après Cause commune qui racontait en quelque trois cent pages, de l’Antiquité à nos jours, l’épopée humaine, l’espérance et la tragédie de l’utopie et de la révolution, ce nouveau livre explore un autre grand territoire, intime et public : la poétique de la nation. Se poursuit ainsi une entreprise poétique inhabituelle où l’imaginaire personnel rejoint la « poésie impersonnelle », à travers une écriture qui ne se veut pas pour autant « objective », et interroge la langue et l’imagerie de la société.
Le vieil épouvantail
J’ai trouvé dans ma grange un vieil épouvantail
(Cela fait bien longtemps que nul ne s’en effraye).
Les oiseaux dans les champs piaillent et font ripaille
Pendant que lui, absent, dort d’un profond sommeil.
Sa tête au côté pend comme un mort qu’on dépend ;
Sa bouche n’est qu’un trait, ses yeux sont délavés ;
Une araignée y loge, gratis, à ses dépens
Et les saisons passant sur lui l’ont fait passer.
Son crâne bourré de son ne perçoit aucun son ;
Il ne sert plus à rien et n’a plus sa raison.
Sûr que je devrais le porter à la Décharge…
Je n’en fais rien pourtant ; et qui le veut s’en charge.
Nous sommes compagnons et frères de gueusaille,
Spectres qu’on a traités parfois d’épouvantails.
À PROPOS DE L'AUTEUR :
CARACTÉRISTIQUES :
Pages : 364
Langue : Français
Date de sortie : 2015
Dimensions : 120x170
ISBN : 9782370710475